Accueil A la une Campagne nationale de propreté : Pour que ce ne soit pas un simple effet d’annonce…

Campagne nationale de propreté : Pour que ce ne soit pas un simple effet d’annonce…

 

Il n’en demeure pas moins qu’il suffit de se promener dans n’importe quelle ville du pays pour relever les manquements et les insuffisances qui ont complètement défiguré l’image que nous nous étions fait d’un pays touristique.

A quelques jours d’intervalle, nous avons eu la bonne surprise d’apprendre qu’un programme de propreté intéressera tout le territoire. Nous espérons que les promoteurs de ce programme, de cette action, de cette campagne ont trouvé des solutions pour les problèmes qui empoisonnent la vie des Sfaxiens, entre autres, et qui ont mobilisé bien des responsables. Presque pour rien.

La seconde information est relative à la désignation de la mairesse de Tunis comme meilleure du monde arabe. Tant mieux, nous demeurons ouverts à tout ce qui est de nature de mettre en évidence les efforts de nos concitoyens dans tous les domaines.

Il n’en demeure pas moins qu’il suffit de se promener dans n’importe quelle ville du pays pour relever les manquements et les insuffisances qui ont complètement défiguré l’image que nous nous étions fait d’un pays touristique. Et on y avait réussi.

Haro encore une fois, et malheureusement, sur cette décade qui a fait sauter toutes les lignes rouges et qui a fait de nos villes ou villages des lieux infréquentables, où toute autorité s’est liquéfiée. Des lieux où toute discipline s’est relâchée. Des lois où des décrets municipaux régissant les droits et devoirs des utilisateurs de la chaussée ou des trottoirs se sont convertis en laisser-aller et en insouciance totale du respect d’autrui.

Les différentes parties prenantes

Et voilà pourquoi cet effet d’annonce que l’on a lancé, pour occuper le terrain ne nous convainc nullement. A moins d’y mettre les moyens humains, techniques et financiers nécessaires. Dans un pays exsangue, qui a assurément bien des priorités, cela ne sera pas du tout facile. D’ailleurs on n’a annoncé ni les moyens, ni la durée, ni encore moins l’importance de l’enveloppe à trouver. Tout en sachant que cette initiative devrait se faire en collaboration avec les différentes parties prenantes ; les ministères concernés, l’Intérieur et le Tourisme.

De toute évidence, et par définition « Une annonce (ou effet d’annonce) est une technique de communication visant à annoncer une mesure particulière, singulière, pouvant répondre à une problématique. Elle doit avoir pour effet une mobilisation pour ensuite une éventuelle mise en action effective ».

Alors que bien des villes et villages continuent d’organiser des sit-in, à bloquer les routes et à manifester en raison de l’inadaptabilité des lieux choisis pour recevoir les déchets des villes et villages, que cette agitation provoque des dégâts monstrueux érodant sérieusement l’image de marque d’un pays touristique, on s’adonne à ce genre de discours. Des discours qui supposent la résolution des problèmes en suspens, alors que l’orateur même est loin d’être convaincu qu’il possède les possibilités d’action idoines.

Quels bilans ?

Les municipalités élues ont-elles dressé le bilan de leurs actions ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Personne ne le sait et il n’y pas beaucoup d’informations à ce propos. Nous enregistrons bien les actions qui se font sur le terrain. Nous saluons les efforts des uns et des autres, mais nous relevons forcément des lacunes qui donnent du grain à moudre pour ceux qui sont convaincus que tout est au point mort, ou que l’on agit sans trop prendre en considération les priorités.

Alors que les trottoirs de l’avenue sont défoncés, que la chaussée l’est également en maints endroits, on a pris la décision de changer les pylônes d’éclairage public. L’éclairage sera sans doute de meilleure qualité, plus économique, mais n’aurait-il pas fallu penser adapter ces nouvelles lampes aux pylônes existants qui sont encore en très bon état, au lieu de tout changer ? Que va-t-on faire de ces dizaines et dizaines de pylônes et de leurs lampes? Va-t-on les transformer en ferrailles ou les redéployer ailleurs ? Alors que l’on se plaint du manque de moyens, on se laisse tenter par des solutions radicales en négligeant l’aspect urgence et priorités.

Des priorités

L’accumulation des ordures un peu partout, les saletés des murs même dans les cités réputées huppées, les conditions lamentables des immeubles qui bordent les grandes avenues, l’état des constructions anciennes qui menacent ruine surtout dans la « ville arabe », des lieux que visitent régulièrement ces millions de touristes qui y vont immanquablement, entre autres, sont des preuves tangibles qu’il y a fort à faire pour ces municipalités.

Là, le danger guette pour les riverains comme pour ceux qui sont de passage. Un mur ou une construction qui s’écroule, une chaussée qui s’affaisse sont des accidents qui arrivent souvent, en raison du manque d’entretien ou de l’absence de décision vis-à vis des bâtiments très anciens à rénover et à consolider ou à détruire.

Balayer devant sa porte

Il leur faut, bien entendu, des moyens mais aussi une main tendue, une collaboration du citoyen lui-même. Ce dernier se doit de commencer à balayer devant sa porte et payer ses taxes municipales pour demander des comptes à ceux qui sont élus. Voilà pourquoi il est nécessaire d’apprendre à aller aux urnes pour manifester sa volonté de préserver ses droits. Cela n’est pas toujours le cas. Les constructions anarchiques continuent de fleurir. Depuis un bon bout de temps. Nous voyons ici ou là des constructions qui enlacent un poteau supportant des lignes téléphoniques ou électriques ou qui mordent sur le trottoir. Les espaces verts sont en aussi mauvais état que nos terrains de…football. On continue de les arroser en pleine chaleur alors que l’on est sur le point de ne plus trouver de l’eau à boire. On prie pour la pluie, mais on la maudira une fois qu’elle sera là. Les rues inondées, la circulation interrompue, les victimes sans doute, les dégâts en raison de regards bouchés ou mal calibrés seront ils les seuls responsables ?

Panneaux et plaques

Alors que bien des pays sont déjà à l’ère de la signalisation intelligente avec des plaques connectées qui aident les fournisseurs des victuailles commandées en ligne, des fast foods ou autres services, nous continuons à gérer des plaques des rues presque illisibles, mal rédigées, incompréhensibles, mal traduites. A croire que c’est un « ignorantus » qui a fait le travail ou l’a cautionné.

Les panneaux de signalisation, censés orienter les visiteurs de passage, sont posées dans des endroits où elles n’aident que rarement l’automobiliste ou le piéton. Que dire de ceux qui, plan de la ville en main, essaient de retrouver un monument ou un lieu bien déterminé. De quoi perdre son temps, son énergie tout en donnant une idée peu resplendissante des services et de l’organisation d’un pays qui se veut accueillant et ouvert.

Anarchie

Ne parlons pas des étals anarchiques qui ont complètement envahi les chaussées et les trottoirs. Cafés, restaurants, vendeurs de n’importent quoi s’installent d’autorité et personne ne réagit. Une image peu reluisante d’une capitale ou d’un chef lieu qui se respecte.

A quoi sert cette police municipale que l’on a créée si elle est incapable de se faire respecter en dégageant trottoirs et chaussées dans des villes qui étouffent ?

Les cités du Grand Tunis, à l’Ariana par exemple, offrent un spectacle affligeant avec des trottoirs et des chaussées réquisitionnées d’autorité pour le stationnement personnel ou pour empêcher un parcage avec des piquets en dur ou des obstacles de toutes sortes.

La propreté, en fin de compte, ce n’est pas seulement des ordures que l’on enlève, c’est aussi une discipline de comportement et un devoir de citoyenneté que l’on doit faire prévaloir.

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